Malinka et le monde à venir
Philippe Michard poursuit une oeuvre d’autofiction très originale et unique en son genre, comprise comme une relecture personnelle, intime, de la Torah et du Talmud. Une sorte d’écriture contemporaine, autobiographique et fictive, mais midrachique. C’est-à-dire qui se construit et se déploie en poursuivant l’étude et le commentaire des textes sacrés de la Torah et de la tradition juive jusque dans les questions de sa propre existence.
Dans ce nouveau livre, Philippe Michard aborde le sujet douloureux, contemporain, de la fin de vie et de « l’aide à mourir », confronté personnellement à ce choix par un ami qui lui raconte la mort de sa mère, Malinka. Échappée en 1942 de « la Shoah par balles », Malinka est morte en 2015 en Suisse d’un « suicide assisté ». Et c’est autour de cette femme, née en 1927 à Grodzisk (Pologne), et qui a publié le récit de la guerre où elle a perdu tous les siens (Malinka, Documents, 2007), que Philippe Michard tisse une trame d’aujourd’hui où l’euthanasie est devenue l’horizon de notre autonomie idéale. Ainsi le livre de Philippe Michard est déjà le commentaire ou l’exégèse personnelle d’un livre précédent, de l’histoire et du destin d’une autre personne, autant que la quête de sa propre histoire en interrogeant les textes de l’ancienne Loi (Torah). L’auteur se laisse pénétrer par les livres bibliques, les Écritures qui le charment, le troublent, et avec elles par l’idée d’un texte parvenu à échapper au temps. Une histoire où à travers la présence des textes, des livres, nous cherchons un monde à venir en mesure de préserver notre bonheur dans l’horreur de ce qui planifie notre disparition.