Il écrit
Lodo Marc est écrivain. Un matin, la police fait irruption chez lui, il est alors pris en flagrant-délit d’écriture. Il sera déféré à une juge qui lui posera la question du délit : « Pourquoi écrivez-vous ? » S’ensuit un irrésistible et fantaisiste dialogue dans lequel plus l’écrivain cherche à se justifier plus il aggrave son cas. C’est finalement la littérature qui est l’objet du délit, et sa raison d’être.
Lodo Marc, qui « ne souhaite pas faire éclater son innocence au tribunal, ni son innocence ni sa culpabilité », est à chaque fois poussé dans ses retranchements par cet acte d’accusation implacable. Lentement, il parviendra à vaincre sa stupeur.
Forcé, en quelque sorte, à « revendiquer publiquement son travail », il nous offre ainsi une formidable introspection de l’être de l’écrivain et de son activité bizarre, parmi ses semblables, et sous l’accusation du monde.
Finalement la justice pose à l’écrivain non seulement la seule question à lui poser, mais l’entraîne également à répondre de sa pratique. « J’écris pour qu’on ne sache pas pourquoi, pour qu’on ne puisse pas le deviner ni le déduire. Pour que ça reste un mystère, pour que la curiosité soit en éveil, pour que ceux que ça n’intéresse pas de le savoir se dénoncent malgré eux et ceux et celles que ça intéresse aussi. J’écris contre la terre entière et cependant à son énigmatique profit. »
On peut lire ce livre comme un drôle de « manifeste » à la fois pour et contre la littérature. Écrit comme un aveu extorqué, ce livre est la réponse d’un grand écrivain à l’indifférence du monde.