Françoise
Françoise Giroud fut sans conteste l’une des journalistes politiques les plus talentueuses de son temps : engagée par Hélène Lazareff à la création de Elle, puis co-fondatrice de l’Express, et enfin chroniqueuse au Nouvel Observateur, l’ex-script-girl de Jean Renoir avait le sens des phrases assassines, la griffe sous le sourire enjôleur.
Mais elle fut aussi compagne et complice de Jean-Jacques Servan-Schreiber, farouche opposante à la guerre d’Algérie, amie fidèle de Mendès-France et de Mitterrand, et « inventa » la Nouvelle Vague. Femme politique, cette d’immigrés turcs ne passa jamais son bac, mais devint secrétaire d’Etat à la condition féminine sous Giscard d’Estaing. Travailleuse acharnée, élégante en diable, éprise de liberté, c’était une visionnaire, qui roulait en décapotable et fut une grande amoureuse, aimant le plaisir autant que le devoir et incarna la naissance de la femme moderne.
Mais on découvre ici que ce tempérament passionné a aussi ses zones d’ombre – expérience de la trahison, tentative de suicide, mort d’un fils… A travers le portrait d’une femme d’exception, c’est une époque de feu que ressuscite ici Laure Adler : un temps, pas si lointain, où l’on savait encore se battre pour des idéaux.