Le carnet de Bento
À la mort de Baruch « Bento » Spinoza, en 1677, sont exhumés des manuscrits, des lettres, des notes. Aucun dessin. Pourtant, des témoignages attestent que Spinoza ne sortait jamais sans son carnet de croquis.
« Pendant des années, j’ai imaginé qu’un tel carnet soit découvert. Sans trop savoir ce que je pouvais espérer y trouver. Des dessins sur quoi ? Esquisser de quelle manière ? » dit John Berger au début du Bento’s Sketchbook (TP). Reconstituant une version rêvée de cet objet perdu, l’auteur de G entame un dialogue avec l’œuvre de Spinoza. Dialogue philosophique bien sûr – les croquis de Berger répondant à L’Éthique –, mais aussi dialogue esthétique et politique.
Dessiner, écrire, c’est poser son regard sur le monde, obéir à une impulsion primitive que le geste métamorphose en art. C’est aussi choisir parmi les propositions infinies de la réalité : retrancher, ajouter ; pour transformer.
Ce Bento’s Sketchbook (TP), livre d’art et manifeste poétique, illustre l’humanisme de Berger, l’engagement total que constitue une œuvre en forme de combat.