Michel Mitrani, une bio-filmographie
Issu d'une famille juive dont les ancêtres, chassés d'Espagne au XVe siècle, furent contraints de s'installer dans divers pays, Michel Mitrani (1930-1996) vit le jour en Bulgarie pour se trouver en France dès son enfance. Inscrit en 1952 à l'IDHEC (Institut des Hautes Etudes Cinématographiques) à Paris, il en obtint le diplôme dans une classe où l'on remarquait aussi Louis Malle et Alain Cavalier. Désireux de s'exprimer autrement que par des œuvres présentées dans les salles obscures, il porta son choix sur un genre nouveau, proche d'un vaste public dispersé qu'il jugeait plus facile à regrouper: la télévision.
Il en fut l'un des initiateurs en compagnie de JeanChristophe Averty, Marcel Bluwal, Stellio Lorenzi, Jean Prat, Claude Santelli, fameuse équipe du Studio des Buttes-Chaumont. Mais conscient de la banalité qui, pour diverses raisons, menaçait d'emblée le petit écran (insinuations politiques et obligations publicitaires), ses travaux multiples manifestèrent une attitude volontaire d'effraction du système. Son abondante filmographie en témoigne, avec notamment une riche liste d'écrivains qu'il adapta, de Sartre à Beckett, de Gombrowicz à Ionesco, cherchant toujours les moyens de la qualité. Ceci l'engagea, dès 1970, à la réalisation de cinq longs métrages de cinéma, puis à la constitution du FIPA (Festival International des Programmes Audiovisuels) en 1987 à Cannes, déplacé à Biarritz en 1996.
Freddy Buache, qui l'a bien connu, dresse pour la première fois sa bio-filmographie et la commente. Il bénéficie d'une lettre de Julien Gracq (auteur d'un balcon en forêt que Mitrani mit en scène devant sa caméra), d'une préface d'Alain Cavalier, d'un parcours de Dominique Rabourdin et d'un texte de Pierre-Henri Deleau, responsable du FIPA, hommages rendus à son fondateur, à cet amoureux des images de la vérité, dix années après sa disparition, le 9 novembre 1996.