Les guerres secrètes des fourmis
Un ouvrage passionnant qui dévoile la surprenante complexité des stratégies guerrières des fourmis et plus largement de leurs structures sociales, comportements et modes de communication.
" Aspergée d'acide, elle se retourne et guette ses sœurs. Il ne lui reste pas beaucoup de temps à vivre. Dans une tentative désespérée d'infliger une blessure grave aux soldats, elle sort son arme pointue et l'enfonce dans l'abdomen de l'ennemi pour lui injecter un poison, pour être exact un poison parmi les plus mortels qui existent sur Terre. "
Non, ce n'est pas une scène de guerre, du moins pas une guerre entre humains. Jeune chercheuse en biologie, l'auteure fait combattre en duel, dans des arènes de quelques dizaines de centimètres, sept espèces de fourmis envahissantes récoltées en Corée du Sud, du Nord, ou encore dans le désert de l'Arizona. Son but : élucider les stratégies guerrières de ces combattantes hors pairs introduites par l'Homme aux quatre coins du monde, risquant de coloniser de nouvelles régions dans le futur en éliminant de nombreuses espèces au passage.
Mort simulée, décapitation, piqûres ayant l'effet d'une décharge électrique, jets d'acide, explosions kamikazes, tous les moyens sont bons pour éliminer l'adversaire.
La clé de leur fantastique succès ne réside pas seulement dans leurs fascinantes stratégies guerrières, mais bien dans la coopération entre individus, lorsque l'altruisme fait que la mort d'une de ces amazones importe peu, si elle peut être utile à ses sœurs. Se perpétuant depuis l'époque des dinosaures, les colonies fourmilières se sont complexifiées vers des structures sociales dignes de celle mise en œuvre par l'espèce humaine. Nourrices, éboueuses, éclaireuses, guerrières, bâtisseuses : toutes coopèrent activement dans la fourmilière, sans le moindre commandement central. Cette division du travail en activités multiples, où l'évolution de carrière est possible mais règlementée par l'âge et la hiérarchie de dominance, est si élaborée qu'elle se traduit chez certaines sociétés par la pratique de l'agriculture ou de l'élevage, activités que l'on croyait être le propre à l'humain. Et pourtant, ces fourmis ne sont pas " comme nous " ; en réalité, elles sont beaucoup plus étonnantes. Non seulement sur le plan de leur sexualité, lorsque l'on découvre que les mâles n'ont pas de père et les femelles peuvent avoir des pères disparus trente ans avant leur naissance ; mais également au niveau comportemental, ou de la sophistication de leurs modes communicationnels.