Culpabilité
«Notre coeur nous accuse, mais Dieu est plus grand que notre coeur». Non parce que Dieu nous pardonne, mais parce qu'il casse notre enfermement dans la culpabilité. Telle est la pointe de l'Évangile, redécouverte par le protestantisme. La culpabilité tourne naturellement en accusation d'autrui ou de soi, et en demande de justification. Avec son jeu circulaire entre faute réelle, faute fantasmée, angoisse, aveu, demande de pardon. Qui renforce une insatisfaction profonde, un désir inexprimé, une demande d'amour non résolue. Bien compris, l'Évangile met en cause la prétendue infaillibilité du sentiment de culpabilité. Dieu est hors culpabilité et justification, hors rétribution. Le plus souvent, la religion renforce la propension naturelle à s'accuser. C'est à cet enfermement inaperçu que la Réforme entend mettre un terme : en finir avec la culpabilité, sans prix à payer, casser le «mauvais infini» de l'auto-accusation, ce qui suppose rupture - venant de Dieu - et travail sur soi en retour, aussi vrai qu'il n'est pas naturel de renoncer à organiser sa vie en fonction de la culpabilité.