La folie de l'art brut
Jadis dédaigné, réduit à un cercle confidentiel d'aficionados, l'art brut est devenu tendance. Anciens «invités du bout de la table», l'homme du commun et le fou sont désormais les commensaux des banquets de l'art contemporain. L'art brut est adoubé, de la Biennale de Venise à la Hayward Gallery, du Hamburger Bahnhof au Reina Sofia. Juste rattrapage ou opportunisme ?
Toquade passagère ou vrai aggiornamento ? Qui donc aurait à gagner dans cet emballement inédit, presque affolé, pour les marges ? Qu'apportent ces créateurs des lisières à un mainstream manifestement essoufflé ? Pourquoi certains artistes «insiders» se piquent-ils soudain d'art brut, quitte à s'autoproclamer - au risque du ridicule - «outsiders» ? C'est à croire que le label de l'art brut donnerait un surcroit d'aura. Voire qu'il ferait vendre. Voici les quelques questions ou soupçons qui justifient ce livre.