Toni Servillo, le nouveau monstre
Toni Servillo n'est pas un acteur comme les autres. Pas seulement parce que, depuis son apparition sur les écrans italiens en 1992 (avec Mort d'un mathématicien napolitain de Mario Martone), il a acquis une stature de star internationale, consacrée par le film culte La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino en 2013. Venu du théâtre napolitain, héritier de la commedia dell'arte, il est capable de camper des personnages archétypaux aussi différents qu'un écrivain dandy, des membres de la Camorra napolitaine, un ecclésiastique, des personnalités emblématiques de la politique italienne comme Giulio Andreotti et Silvio Berlusconi. Son génie a consisté à incarner toutes les métamorphoses du Pouvoir qui façonnent l'Italie depuis plusieurs décennies. Le « Toni Servillo-film » est le miroir que nous tend le cinéma italien, trop souvent enterré, à tort, par le public français, depuis la fin de la « comédie à l'italienne », dans les années 1970. Or voilà que renaît l'un de ses « monstres », qui en réactive la fonction originelle : montrer et avertir. Que nous montre le monstre Servillo ? Quels présages vient-il annoncer, depuis l'Italie dont le cinéma demeure le laboratoire à l'avant-garde de notre présent ?