Charles Manson par lui-même
« À ce stade, je n'ai rien à perdre ou à gagner en racontant mon histoire. »
Tout semblait avoir été dit sur les crimes de cet été 1969 et leur commanditaire, Charles Manson, devenu l'un des pires cauchemars de l'Amérique... tout, sauf bien sûr la version du criminel. Jusqu'à ce qu'en 1979, Nuel Emmons, l'un de ses anciens compagnons de prison, lui soumette le projet d'une autobiographie où Manson se raconterait sans détour. Le résultat, écrit à la première personne, est le seul récit jamais livré par l'homme de sa furieuse existence : brut de décoffrage, dénué de tout romantisme et presque entièrement crédible. « Mec, fallait pas écrire tout ce que je t'ai raconté ! », réalisa plus tard Manson. « Tu me mets à poil, carrément. Tout ce qu'a dit le procureur au monde entier, ça me faisait comme une carapace, ça me protégeait, ça m'immortalisait. » Emmons avait donc vu juste en avançant dans son introduction que « le mythe de Charles Manson » ne pourrait survivre à ce livre.
Ce mythe, c'est l'accumulation des chansons, des films, des livres, des pages Web qui, en l'espace de cinquante ans, ont forgé une sorte de légende noire du leader de la « Famille ». Autant de projections fantasmatiques, d'images-écrans superposées au réel, à travers lesquelles Manson mort en 2017 court toujours. Comment l'un des plus dangereux criminels de l'histoire est-il devenu une icône sombre de la pop culture ? Qui était vraiment l'homme derrière le masque grimaçant de psychopathe ? Une partie des réponses, à n'en pas douter, se trouve dans le labyrinthe de ces pages glaçantes, longtemps confinées au silence et maintenant traduites en français.