Gérard de Nerval : mémoire de la critique
Aurélia n'était, dans l'esprit de son auteur, ni une conception récente, ni un caprice accidentel. C'est le résultat autour duquel tournaient depuis longtemps ses pensées, et auquel l'amenaient graduellement ses derniers ouvrages. [...] Le thème fondamental n'est autre que ce problème qui a tenté plus d'un grand esprit dans les littérateurs modernes étrangers. Gœthe, en dernier lieu, a appliqué dans l'épopée de Faust les forces de sa puissante intelligence, - la combinaison du naturel et du surnaturel dans la vie humaine. Seulement là où Gœthe, en vertu de la nature panoramique de son esprit, avait appelé à lui tout le prestige de la légende, et, pour ainsi dire, la mise en scène de l'histoire universelle, Gérard, plus modestement si l'on veut, mais plus courageusement selon moi, s'était placé en pleine civilisation moderne, en plein monde contemporain. Charles Asselineau