Je pleure encore chaque fois que j'y pense
Conçu par M/M (Paris), ce livre-objet documente, de manière photographique ainsi que par un texte de Frédéric Boyer, la pièce intitulée La Faculté, une tragédie contemporaine inscrite dans la vie de la jeunesse d'aujourd'hui, dont le texte à été créé par Christophe Honoré et mis en scène par Éric Vigner « La Faculté c'est un spectacle d'Éric Vigner sur un texte de Christophe Honoré. La Faculté fut créé par Éric Vigner au Festival d'Avignon en 2012 dans la cour du lycée Mistral. Alain Fonteray a photographié le spectacle et ce sont ces photographies qui m'ont fait découvrir La Faculté. Bénédicte Vigner m'a demandé d'écrire un texte à partir de ces photographies. Sans avoir vu ni le spectacle ni lu le texte de Christophe Honoré. J'ai regardé chez moi les photographies d'Alain Fonteray pendant plusieurs jours, plusieurs mois, et à des heures différentes. Jusqu'à en oublier l'origine, la réalité de ces images. Jusqu'à ce point troublant de persécution des images. Rien n'arrive plus que l'absence de ces images. Ce que j'étais en train de voir je ne l'ai jamais vu. Et puis j'ai commencé à écrire. J'ai commencé à écrire ce dont précisément je savais qu'il me serait impossible d'atteindre. L'événement du spectacle. L'incarnation des mots de Christophe Honoré. Certaines nuits je me réveillais en pensant à ces photographies. À ce qui s'était passé ou pas. Il arrive que des oeuvres répondent à d'autres oeuvres qu'elles ne connaissent pas. Que des oeuvres se répondent comme aussi des personnes se rencontrent sans se voir ni même se connaître. Mais quelque chose a lieu d'une reconnaissance. Moi j'ai vu dans ces photographies le souvenir vivant d'un scandale. Celui de la jeunesse. J'ai compris que la question de toute tragédie, de toute représentation théâtrale, c'est le contemporain qui s'adresse en nous à l'oubli le plus ancien. C'est l'Antiquité de notre monde comme une réalité neuve, brillante, et comme une blessure. Plus tard j'ai vu enfin le spectacle La Faculté. Ce que j'ai vu alors je l'avais vu pour toujours. » Frédéric Boyer