Moi, Christophe Rocancourt, orphelin, play-boy et taulard
En Haute-Normandie, quand il avait cinq ans, sa mère prostituée lui a tranché un doigt en claquant la portière de la voiture qui l'emmenait loin de lui à jamais. Peu après, son père alcoolique l'abandonnait à son tour à la porte de l'orphelinat. Alors il a décidé de s'évader vers un monde meilleur. "Toute ma vie n'a été qu'une fugue. J'ai crevé de faim et je me suis assis aux tables des meilleurs restaurants de la planète. J'ai compté les centimes dans les poches de mes guenilles de gosse et j'ai sorti ensuite des fortunes de celles de mes costumes sur mesure. J'ai dormi sur les sièges du métro parisien avec les déshérités, mes frères, et j'ai connu plus tard, avec des hommes et des femmes célèbres, des relations extraordinaires. Je ne les ai pas forcés à croire aux personnages que j'incarnais. Champion de boxe, fils de Dino De Laurentiis ou héritier Rockefeller, je jouais le rôle qu'ils attendaient de moi. En devenant le miroir de leurs vanités, je me suis raconté un conte de fées. Je l'ai déjà payé très cher. Partout, j'ai été traqué. Fuite à Paris, cavale aux États-Unis, puis au Canada... Je ne demande ni clémence ni pitié. Si je remue ici trente-cinq ans de souvenirs, c'est afin que mon fils comprenne : pour moi, c'était cette vie-là ou la mort."