Jérémie Nassif: L'instant expressif
Jérémie Nassif appartient à une génération qui a assisté au décloisonnement des champs et des pratiques de la photographie, à la profusion exponentielle des images produites par l'industrie de masse, des images-sans-art qui ont eu pour conséquence le renoncement de nombreux artistes à la production de nouvelles images.
Après avoir été photographe de plateau - certaines de ses photos donneront lieu à un livre consacré à Mazeppa, film de Bartabas et ses chevaux -, portraitiste, auteur de courts métrages, Nassif se consacre depuis quelques années à une photographie qui sublime le mouvement. On pourrait être tenté de rapprocher les photographies de Nassif d'un pictorialisme contemporain qui perpétuerait les mêmes enjeux que son homologue du dix-neuvième siècle : valoriser le geste de l'art, exalter la subjectivité créatrice.
Tout l'art de Nassif, et plus précisément dans les portraits, réside dans l'acte de maîtrise de la manipulation des images, du " montage ". Ainsi peut-on affirmer qu'il s'agit non plus de créer au sens démiurgique et romantique du terme, mais de " construire " un objet, tel que le fait un monteur de film. S'agit-il pour autant de renier la mythologie propre à l'artiste et s'aligner sur la pratique du technicien ? Rien n'est moins sûr, et il faut apprécier dans ce travail l'utilisation rigoureuse et inventive des nouvelles technologies.