L'Oreiller en Dacron
Moi j'avais toujours mon coeur. On l'avait seulement réparé avec une cloison de Dacron, il y en avait dans mon oreiller. J'avais regardé dans le catalogue de la Redoute et j'avais lu : "Oreiller en fibres textiles synthétiques (polyester), moelleux, aéré et hypo-allergénique, il ne retient pas l'humidité de la transpiration. Lavage à 40°." La narratrice a subi une opération du coeur, qui a été source d'un bienfait inattendu : à son chevet, au lieu de son mari trop convenable et trop souvent absent, elle a trouvé Giovanni, qui s'était trompé de chambre. Tout de suite ils ont su, ces deux-là, qu'ils avaient tout à partager. Enigmatique, comme transparent pour les autres, idéaliste, ce garçon passe ses journées à écouter de la musique et à lire. Pour l'heure, la jeune femme retrouve l'hôpital, pour visiter sa mère, dont la vie est suspendue à une transplantation cardiaque. Avec cette mystérieuse affection commune, elle espère nouer des liens qui leur ont toujours échappé. Mais la malade, aux prises avec la douleur, pour épargner sa fille, ne songe qu'à l'éloigner, la laissant seule avec ses doutes, ses souvenirs vacillants. Quant à Giovanni, qui a consenti à s'employer dans un cabinet d'avocats, étrangement, il s'est pris d'intérêt pour l'étude et ses clients, jusqu'à transcrire en secret un Carnet de leurs plaintes, griefs et récriminations. Il faudra à la trop délicate héroïne affronter les conventions familiales et se fier à la douceur de son amour pas comme les autres pour trouver sa voie. Malgré la gravité du sujet - la mort d'une mère, le mystère des relations filiales -, l'émotion et l'humour sont distillés à touches légères, dans une langue limpide, qui semble maîtrisée par la politesse du désespoir. L'élégance pudique des allusions et des contrepoints, la grâce des images et d'une candeur authentique font un roman intrigant et merveilleux comme un conte.