Le livre noir de l'Education nationale
50 % de réussites, 50 % d'échecs ; après le «niveau qui monte», c'est la dernière trouvaille du Haut Conseil de l'évaluation de l'école (HCEE) pour tenter de minimiser les contre-performances dramatiques d'un système éducatif en voie de délabrement complet. A ces maquilleurs de bilan, Le Livre noir commence par opposer les preuves accablantes de la faillite massive de l'Ecole : développement de l'illettrisme scolaire, augmentation des sorties sans diplôme, trucage des examens, déculturation des étudiants. Chronique d'un déclin programmé, il déroule ensuite les mesures qui, de 1941 à la loi de 1989 et de ministre de droite en ministre de gauche, ont mis à mal un appareil scolaire naguère admiré du monde entier. Rupture avec l'Instruction publique, absence de visées réellement réformatrices, destruction de l'enseignement élémentaire, improvisation du collège unique, imposition de pédagogies funestes, arnaque à la «démocratisation» du secondaire, telles sont à grands traits les étapes de cette longue agonie. Radioscopie de la machine Ed.Nat., Le Livre noir fait aussi entrer le lecteur dans les dédales d'une technostructure parasite où se croisent hauts fonctionnaires inoxydables, fournisseurs de thèses éducatives vénéneuses, concepteurs de programmes boiteux, sociologues en mission et managers de la liquidation. Il l'introduit dans ce deuxième cercle formé par les inspecteurs, les formateurs en IUFM et les associations qui gravitent autour de la maison mère. Sans oublier les responsables des associations de parents d'élèves et des syndicats enseignants, associés, par inconscience ou calcul, aux orientations qui ont mis l'Ecole sur le sable et précipité un recul éducatif de masse. Un Nième livre d'imprécateur ? Non, un état des lieux et surtout un appel à davantage de lucidité avant qu'il ne soit trop tard pour faire marche arrière.