Tropique poing levé
« De ce royaume perdu, on détecte à peine la trace. » Ainsi commence la recherche d'un pays lointain. Avec le narrateur, nous voyageons dans le temps et l'espace d'un territoire aux marges du monde. Ce pourrait être un mythe, mais on reconnaît aussi Cuba. C'est poétique, mais c'est aussi politique.
Dans une magnifique écriture du mystère et de la marge, teintée parfois d'ironie et toujours parlante, Laurent Enet écrit un texte qui est à la fois récit de voyage intérieur, fable politique, conte ancien. Un texte comme une ligne de crête... On découvre un royaume aux rythmes et aux fièvres inconnus, dont les habitants luttent, se défilent, se défont, un royaume dont le prince voudrait cacher la vérité, et que le voyageur nous donne peu à peu à comprendre.
Étymologiquement, « inventer », c'est « trouver ». Imaginer, c'est donner à voir. La fiction est ce que nous avons de plus précis pour dévoiler le monde. Inventer le réel, habiter ses paradoxes, telle est la bonne aventure que nous fait vivre Tropique poing levé.
E. E.