Le révélateur du globe : Christophe Colomb et sa béatification future
C'était en 1856. Un homme, en ce temps-là, s'aperçut, un jour, de la monstruosité sous laquelle le monde vivait en paix et allait son train. Christophe Colomb n'avait littéralement pas d'histoire. Transporté de honte pour le compte du genre humain, cet homme [Roselly de Lorgues] qui était un écrivain du talent le plus élevé, résolut d'arracher, dans la mesure de ses forces, Christophe Colomb à la destinée de silence et d'ingratitude qui pesait depuis près de quatre siècles sur sa mémoire, et qui avait mis la grandeur de l'oubli en proportion avec la grandeur du service rendu, par lui, au monde tout entier. Jusque-là, de maigres notices, menteuses ou dérisoires, griffonnées sur Christophe Colomb, avaient montré qu'elles étaient dignes des mains qui avaient raturé son nom pour en mettre un autre à sa place sur sa grandiose découverte et, pour la première fois, la vie de Christophe Colomb fut écrite... Christophe Colomb et Roselly de Lorgnes, arriveront, chacun à son rang, dans le partage de la même immortalité , écrit Jules Barbey d'Aurevilly dans sa préface au Révélateur du globe. Léon Bloy découvre le Christophe Colomb de Roselly de Lorgnes en 1879, il est bouleversé. Pour relancer la cause, il faut du sang neuf, des soutiens accrus, une force persuasive nouvelle. Léon Bloy vase vouer à cette tâche ; son livre condense en formules frappantes une pensée qui mérite d'être explicitée : quel modèle d'argumentation, quel régime de preuves utilisent ces deux défenseurs de Christophe Colomb ?