Ceux des tempêtes
En 1936, Alain du Manoir embarque à bord d'un chalutier de Fécamp, le temps d'une campagne de pêche en Islande. Il ramène du grand large des pages baignées par la sombre beauté de la mer du Nord, par le danger meurtrier que recèlent ses brouillards et ses coups de vent. Un carnet de bord d'une authenticité rare, écrit d'une plume alerte, foisonnant d'anecdotes et de dialogues savoureux. Avec humour, il nous livre les déconvenues, les gaffes d'un " terrien ", plongé dans un univers mouvant, découvrant une société dont les signaux et les codes, dans un premier temps, lui sont indéchiffrables. Alain du Manoir écrit à hauteur d'homme. Son récit est une extraordinaire galerie de portraits, croqués sur le vif. Portraits d'hommes pudiques dans leurs émotions, conscients de former un monde à part, profondément fiers de leur métier. Parce qu'il sait gagner leur confiance, le " Parisien ", comme l'a surnommé l'équipage, recueille les poignantes confidences, arrachées par la fatigue et la souffrance à des hommes forts, durs au mal, mais qui doutent parfois de la valeur d'une vie dévorée par le Grand Métier. Unis par la rudesse du travail, un courage hors du commun, " Ceux des Tempêtes " n'ont pourtant rien d'enfants de chœur. Alain du Manoir dévoile aussi les querelles, voire les haines nées d'un trop long confinement, mijotant en ce vase clos du navire en pêche. Ce témoignage reflète une rupture dans l'histoire de la Grande Pêche. Les grands voiliers ont disparu... Les anciens en portent la tradition et parfois la nostalgie. Ceux qui incarnent la modernité sont encore mal acceptés. On lit, en filigrane, les effets d'un lointain séisme social - c'est l'époque du Front Populaire - sur les mentalités du bord. Plus qu'un reportage, authentique et fort, le roman vrai d'une campagne de pêche en 1936.