Le coup du sombrero
"Avec Henri, on a posé nos pulls par terre pour faire des buts. Le soleil commence à décliner mais je vois bien l'autre enflé de Lambert qui grimace dans ses cages improvisées pendant qu'Henri nettoie ses crampons. J'ai mes Puma rouges, aériennes, mon flottant à bandes blanches et la rage au coeur. Je vais lui enfiler des boulets, il verra rien le mec. Je vais lui arracher la tête, le réduire en miettes, putain, j'ai horreur des nabots. C'est ça, enflé, ricane, ricane, mais tu vas pas ricaner longtemps. Je me tiens comme Diego, buste en avant, bien campé sur les mollets, tout dans le bassin. Ondulation man, c'est myself. J'en ai rien à foutre de ses trois ans au Red Star, banlieusard de merde. Quand je dis sombrero, il répond qu'il préfère les chapeaux tyroliens. La tâche absolue. Quelle heure est-il ? Sept heures, ça commence à cailler. L'herbe se plie autour de nous et je distingue Nonoss au bord du terrain qui tire sur sa pipe comme un dément. On marche dans mon dos, c'est difficile de se concentrer dans le secteur. - Allons, messieurs, c'est l'heure. - De quoi ? - Monsieur Lambert, monsieur Villard, au réfectoire comme tout le monde. C'est Simone, l'infirmière des Mésanges. - Mais qu'est-ce que je vois ! En short, à 62 ans passés, et devant les pensionnaires. Allez, on rentre, et rangez-moi les déambulateurs. Salope. Demain, j'irai vomir dans tes chaussons."