Prise de tête
L'intrigue de ce roman se déroule quelques mois après les événements relatés dans Les Enfermés (Prix Bob Morane 2017) mais peut se comprendre indépendamment. Comme à son habitude, l'auteur apporte au lecteur toutes les explications nécessaires au fur et à mesure. Il s'agit là encore d'une intrigue policière classique dans un futur proche riche en éléments SF, mais Scalzi s'appuie sur les arcanes d'un sport que ne renierait pas Quentin Tarantino pour dénoncer bien des travers de l'Amérique contemporaine, à commencer par les lacunes de la protection sociale des plus faibles, notamment des personnes malades et handicapées. Enfin, Scalzi se livre une fois de plus à l'un de ses petits jeux favoris : on ne sait toujours pas si Chris Shane est un homme ou une femme. Loin d'être anecdotique, ce procédé d'écriture exclusive l'aide à militer pour une société plus égalitaire. L'hilketa est un sport ultraviolent dont l'objectif principal est d'arracher la tête à son adversaire et de lui faire franchir la ligne de but. Pour cela, tous les coups sont permis. Les joueurs ont le choix des armes. En chair et en os, il serait impossible de se livrer à pareil passe-temps. Mais n'évoluent sur le terrain que des « cispés », des organismes artificiels pilotés à distance par les athlètes, tous atteints du syndrome d'Haden, qui les condamne à la réclusion dans leur propre corps. Personne n'est blessé, mais la brutalité du jeu est réelle et le public en redemande. Jusqu'au jour où un sportif s'écroule sur le gazon, sans vie. S'agit-il d'un accident ou d'un meurtre ? Dans leur recherche de la vérité, les agents du FBI Chris Shane et Leslie Vann vont de surprise en surprise dans les coulisses d'un sport où athlètes et financiers sont prêts à tout pour l'emporter, que ce soit sur le terrain ou en dehors.