Céline épistolier : Ecriture épistolaire et écriture littéraire
Encore trop peu connues des non-spécialistes, les lettres de L.-F. Céline occupent une place parmi les grandes correspondances d'écrivains du XXe siècle. Cet ouvrage est le premier à traiter de cette correspondance pour elle-même, en la considérant comme un tout, et en s'appuyant sur plus de quatre mille lettres aujourd'hui publiées. Son mérite est d'abord de présenter ces textes - leur place dans la biographie de Céline, leur fonction, les destinataires de l'écrivain - qui frappent par le caractère éminemment identifiable de l'écriture déployée. Lire une lettre de Louis Destouches, c'est lire du Céline, et ce dès la naissance du romancier. Rares restent les écrivains pour qui ce constat s'impose avec une telle évidence. Ainsi, l'angle d'étude choisi par Sonia Anton est l'évolution parallèle du discours épistolaire et du style littéraire. Dans tout ce qui touche à l'oralité, les exigences propres au genre épistolaire depuis ses origines rejoignent celles du styliste qu'est Céline. Du point de vue de l'énonciation, l'écrivain va s'attacher dans son œuvre à rendre de plus en plus prégnante la présence du locuteur et à créer un interlocuteur fictif. De par la dimension autobiographique de l'œuvre, le narrateur des romans, mais aussi l'énonciateur des pamphlets, occupent des positionnements souvent semblables à ceux du locuteur épistolier. Autant de phénomènes susceptibles d'expliquer l'extraordinaire parenté stylistique unissant les deux types de production.