La vertu des païens
Le projet se fonde sur une hypothèse que j'ai émise il y a quelques années et sur laquelle je suis revenue ensuite plus systématiquement, à savoir l'évhémérisme informulé de Gassendi et son attachement à la notion de redivivus qui me semble caractériser les relectures de l'Antiquité par la Renaissance tardive.
À cette époque, la question de la religion des Anciens et l'examen de l'origine de la religion qui parcourt toute la tradition chrétienne sont réactivés par les différents courants du machiavélisme politique et la théorie de l'imposture, ainsi que par les philosophes hermétistes que Gassendi réfute à travers Fludd. C'est alors que je commençai à réfléchir vraiment sur un thème qui ne cesse de prendre de l'ampleur dans mes travaux, celui de la « vertu des païens », que Gassendi a traité en premier lieu en revendiquant que l'on sauvât Épicure autant qu'Aristote et Platon.
Dans la mesure où il reconnaît dans l'homme une prénotion de Dieu, qu'il pose comme une pierre d'attente, Épicure est, parmi les philosophes grecs, le plus éligible à la vertu des païens, puisqu'il exclut toute superstition d'une part et, d'autre part, proscrit également la divinisation de l'homme, à la différence du stoïcisme qui rêve un homme impassible, n'appréhendant pas la mort, etc.