Philosophie du transfert
Puisque ce livre célèbre le transfert, ou du moins le processus d'externalisation, il se devait de refuser l'enfermement ; il devait multiplier les voyages extra-territoriaux et il n'y a pas manqué (le commerce qui impulse la production, la monnaie, la médecine, les nomenclatures, le droit, la science expérimentale). Il nous fallait montrer que ce qui change de lieu ou de registre renonce au signifiant afin de mieux révéler le signifié, ou encore qu'on travaille à renoncer au contenant, ce qui permet de mieux évaluer ou d'enrichir le contenu. Il s'agit d'une démarche générale d'innovation, puisqu'on découvre l'essentiel à travers les variations matérielles. Ce livre tente aussi de rassurer ceux qui voient dans l'extériorité la mort du psychisme, la lente agonie de l'intériorité, alors que celle-ci ne se manifestait que dans celle-là. C'est, en effet, au dehors que cette intériorité nous prouve son énergie, à tel point qu'il n'a pas été possible ni de l'isoler, ni de la refouler, ni de l'enfermer sur elle-même.