A ma décharge
C’est le tome préliminaire des mémoires du président de la République française. Un tome écrit par un romancier clinicien qui se glisse dans sa tête. Bien sûr, ce texte n’est pas une énumération de choses vues, de rencontres remarquables avec « les grands de ce monde », comme il est d’usage dans des mémoires ou les livres politiques. En revanche, il se veut un plaidoyer pro domo, ainsi qu’il en va habituellement des mémoires rédigées à la première personne. L’idée est simple, faire parler le président de la République au sujet de sa pratique du pouvoie et du désir de gouverner les hommes. On part d’hypothèses toutes simples : pour présider, il faut désirer ; il faut adorer le contact avec les hommes, mais également aimer le rapport de force, la brutalité ; et surtout être capable de se renier. Être donc écartelé entre la posture machiavélique et la sincérité, voire le spontanéisme. Être tour à tour caporal vociférant, père de la nation, bourreau pour les siens, humaniste, savant discret, orateur médiocre, tacticien maladroit mais, pour finir, suprêmement efficace...
Pour prétendre cerner l’abîme que cache cette individualité, l’auteur laisse couler la parole. Et en faisant parler la tête de l’Etat, on doit pouvoir montrer comment l’écart se creuse entre le réel et cette psalmodie qui porte le nom officiel d’« exercice du pouvoir ». Avec un parti pris tranché : pour gouverner, il faut être la proie du délire.