Entropia, N° 14, printemps 201 : La saturation des mondes
Nous allons vers la saturation des désirs comme nous allons vers la saturation de la planète. Si la saturation des sols par les engrais chimiques, après une période de surproduction, entraîne à terme leur stérilisation, la production industrielle des désirs, passée une période d'euphorie, n'est - elle pas vouée à provoquer une dépression généralisée ? Il est en tous les cas certain que la surenchère économique du productivisme, alliée à ce mécanisme de l'addiction, constitue la cause principale de l'emballement auquel nous assistons. Quant à la croissance des stimuli dans tous les domaines - en nombre et en intensité - elle semble être une manière désespérée de relancer cette machinerie fatale. La réflexion proposée par l'idée provocante de décroissance invite donc à s'interroger sur la saturation des mondes, aussi bien matériels qu'immatériels, et à trouver des pistes visant à engager cette nécessaire désintoxication écologique, culturelle et sociale.