La Mémoire et l'Oubli : L'Odyssée de "l'étrangère" à Bessans
En décembre 1913, une étrangère arrive en traîneau au bout de la haute Maurienne, à Bessans. Seule. Elle a grandi dans la lointaine Russie, puis vécu à Vienne, alors archétype de la grande métropole européenne.
Eugénie Goldstern ne vient pas en touriste. C'est une ethnologue partie à la recherche des civilisations perdues des Alpes. Mais les Bessanais se posent des questions. Pourquoi se promène-t-elle en montagne sans autre compagnie qu'un gros chien noir ? Que dessine-t-elle dans les alpages de ma Mottuaz, croquis vite dissimulé à l'approche d'un passant ? Dès juillet 1914, la Grande Guerre la chasse de Bessans.. Elle ne reverra plus ses " chers amis bessanais ". Dans leur souvenir, le mystère de " l'espionna ", comme ils la surnommaient, grandit. Celle qui moissonnait les légendes entre elle-même dans la légende. Sa fin tragique dans un camp d'extermination - Izbica ou Sobibor ? - semble, un temps, la faire sombrer dans l'oubli. Mais " Bessans ", son maître livre traduit et publié il y a vingt ans est, de l'avis unanime, un ouvrage unique au monde. Aujourd'hui, étoile rendue à la lumière, elle se promène dans notre firmament, quelque part entre Emily Brontë, Germaine Tillon et Alexandra David-Néel.