Aquarelles en Drôme
Le département de la Drôme était en réalité, dans ses profondeurs, un lieu comblé de toutes les richesses subtiles du superflu, celles qui tiennent à une nature policée, de production fine, à la lenteur et aux loisirs de la vie, à la beauté intimiste des paysages, aux forêts profondes et giboyeuses, aux torrents à truites, aux vins et aux alcools du terroir qu'on garde pour soi, tout ce qui est la précieuse sécrétion du temps quand il se fige. Et ce coin de terre à demi oublié avait en effet son temps à lui, qui n'était pas celui du dehors, un temps de paradis qui se donnait le luxe de ne plus avancer. Le paradis est-il ennuyeux ? Faut-il apprendre à ceux qui l'habitent qu'ils n'y vivent que dans l'état de non-conscience de l'animal ? Les hommes impénitents le pensent, et il ne manquait pas d'étrangers pour venir le dire aux Drômois et les inciter pour leur malheur à sortir du paradis.