Brel: L'inaccessible rêve
Un voyage, encore un, mais quel voyage ! Et comment pourrait-il en être autrement à la seule évocation de Brel ? La vie de ce francophone de Belgique profonde commence sur une gamme aux accents typiquement flamands : Schaerbeek, où il est né, Zandvoorde, le berceau familial. Elle se termine au soleil couchant des Marquises, dans l'îlot d'Hiva Oa, où il repose près de Gauguin, le plus exotique des impressionnistes français, parti, comme lui, à quelque cinquante ans, dans le bleu horizon des cieux.
Pour entreprendre ce voyage, il fallait une plume aussi colorée que le pinceau du peintre. Celle de Michel Quint. Il est né au pied des terrils des Flandres françaises, à quelques lieues seulement du plat pays chanté, comme un blues, par « le grand Jacques ». Pour l'accompagner, il a mis sa petite musique de dramaturge à la hauteur des envolées du compositeur, plaçant ses pas dans ce que l'imaginaire lui dictait : se fondre dans le sillage du fils du concierge de l'entreprise familiale... D'un voyage à l'autre, il construit ses dialogues avec Brel en romancier accompli. Pas de fausse note dans ce récit « intime » que jalonnent les aquarelles de Philippe Lorin, maître des regards et du paysage. De Marcel Pagnol à Colette, d'Édith Piaf à Jean Ferrat, de Chateaubriand à Victor Hugo, il a fait oeuvre de portraitiste. Avec Brel, dont il renouvelle l'illustration, il élargit encore sa palette.