Kiarostami : Le réel, face et pile
La fin de la modernité, celle «des grands récits», de la réflexivité, de la négativité, de l'historicité, a reconnu son cinéaste en Abbas Kiarostami, venu du monde iranien où le moderne a peu pénétré.
Non plus «le nihilisme» mais une nouvelle simplicité, «le goût du réel», le retour aux choses mêmes, comme un (re)commencement du cinéma retrouvant son sens premier et sa vocation originelle d'être une «révélation du monde en son image» (Bazin).
Cependant pour Kiarostami, dont l'oeuvre est marquée implicitement par le contexte politique iranien, l'image du cinéma qui permet de révéler le réel renvoie aussi à elle-même par exigence envers sa propre réalité. Le minimalisme post-moderne se complète d'un art conceptuel se prenant pour son propre objet. La réalité filmée par le cinéma se révèle être ainsi «une réalité de cinéma», avec sa puissance d'illusion, de feintise et de faux.
C'est par la mise en oeuvre de cette part du faux et par différence avec elle que le mensonge de l'art sert de détours pour Kiarostami : comme moyen de retour au monde et à la musique du paysage.
Cet essai monographique et théorique à propos de Kiarostami cinéaste et photographe inclut un dialogue entre Kiarostami et Ishaghpour à propos de «la photographie, le cinéma et le paysage».