Masculins singuliers
C'est, dit-on, de biais, du coin de l'œil, qu'on observe au mieux la clarté des étoiles. C'est du coin de l'œil qu'Holder scrute le monde et les êtres qui y vivent. D'une manière tout à la fois frontale et décalée. Pour en mieux apprécier les clartés fugaces, en cerner les intensités et palper matière et substance.
Éric Holder, dans ce recueil de proses courtes et de nouvelles, hommage à de singuliers spécimens de masculinité, déploie tout un art de pincer le réel comme on pince une corde, de le faire entrer en vibration.
Un art de toucher les choses comme jadis on le faisait du clavecin. Et c'est ainsi qu'on voit monter du sol, comme échappé d'une brume de chaleur, Emilio, le manouvrier hanté par le souvenir de fugaces amours avec une starlette; Dominique, le militaire songeur qui se réfugie dans le climat chaleureux, l'amitié d'un couple homosexuel; Broni et son week-end culturiste. Visions entre lesquelles s'immiscent une séance de pêche au brochet et une corrida sylvestre où l'on bataille à vache que-veux-tu.
Le monde est fait pour aboutir à de belles rencontres, à des livres. Et non le contraire, nous confie Holder. Dont acte.