Histoires d'eaux
Le Jardin zoologique de Lutèce est un enclos choisi, la dernière fauverie où l’on broute, l’ultime volière où s’éjouit de concert un lot de spécimens choisis pour l’élégance du plumage ou la musicalité du ramage. Le Jockey-club du mammifère exotique. Veille en chambellan sur ce petit Monaco zoologique, un sieur Sentinelle, retour des Indes, grand buveur d’absinthe et téteur de bambou opiacé devant l’Éternel. Ce dernier se rappelle d’ailleurs aux Lutéciens qui écopent, fin janvier 1910, d’un déluge d’anthologie.
Débordante, la Seine s’invite partout, engloutissant les rues, submergeant les demeures, vouant l’humain piéton à écoper de nouveau, mais des barques cette fois, ou son rez-de-chaussée. Sentinelle voit son pré carré zoophilique disparaître sous une eau qu’il cantonne d’ordinaire au rôle de supplétive de l’absinthe. Les bêtes sombrent, surnagent. S’organisant, devenu insulaire fidèle au poste, il sauve ce qu’il peut du cheptel. Le passage d’un évêque en barque, bénissant les eaux, l’incline à rouvrir la Bible à A comme Arche. À défaut de conseils, il y trouve une motivation.