La Libellule de ses huit ans
Le sourire de Fio s'apprivoisait du regard, il n'apparaissait que sous certains grains d'une lumière rare, dans le voile d'une demi-obscurité, dans ces moments qui ne vivent dans aucune seconde et dans les yeux de ceux qui disent leurs derniers mots. Ses lèvres minces et pâles comme celles d'un horizon anémique tranchaient avec ses cheveux roux ; elles bougeaient peu, même quand Fio parlait ; mais le sourire était toujours là, bien présent. Il devenait éclatant si on en avait l'intuition, il était sublime pour ceux qui avaient l'imagination de le voir ainsi dans ce visage banal. On n'aurait su dire si son sourire était le point de départ ou d'arrivée de l'ironie qui rayonnait de Fio. C'était une ironie douce comme un couteau dont la lame serait un pétale de rose. Si les morts étaient capables de sourire, ils souriraient ainsi.