La Peau fantôme
Marc songe à Marc, aux formes, à la peau et à la voix de Marc. Marc Vilrouge déroule le soliloque poignant de qui fut l’ami de Marc Vilrouge. Mort, Marc, il y a maintes années, de la tuberculose. Une sèche déploration amoureuse cadencée en saynètes brèves, éventail d’actions courtes, affûtées, qui disent le manque, le vide froid, mais un vide sans écho, acide et qui ronge la peau. De l’amant absent pèse encore et toujours le manque, comme aux amputés les souffrances fantômes du membre tranché. Et rien qui puisse conjurer cette lacune ardente, ni la psychanalyse comme une petite messe lasse et tarifée, ni la drague violente et les heurts de rencontres, ni les retrouvailles qui disent les tendresses déconfites et le passage du temps. Rien, pas une image, pas un souffle, pour dissoudre dans un peu de lumière la marque de Marc. Marc éternellement là, en creux, vide urgent lové au cœur de la vie.