Mutinerie à bord
Mutin, Jacques Perret l’est des pieds à l’âme. A la pointe de toutes les révoltes sacrées : contre l’ordre établi, la pensée aux plis repassés, l’ennui en terrine, les flatulents de tout poil et les poussifs de la vie. D’où son goût violent pour la marine à deux (avec son ami, l’illustrateur Collot) et les promenades à voile. D’où, croisement inévitable, cette Mutinerie à bord que Le Dilettante fait remonter de la cale, l’œil sec, la joue fraîche et les poings dans la poche. A l’histoire : nous sommes sous Badinguet (Napoléon le troisième) dont le règne se découvre une « grande pensée » en la personne de l’expédition du Mexique, louche magouille impérialo-financière qui devait faire de Maximilien d’Autriche l’empereur des Aztèques. Four retentissant. Un des aspects les plus sordides de l’opération fut le destin des zouaves dont les régiments fondirent là-bas comme beurre sur la poêle. Pour rendre moral aux troupes, on songe à leur faire porter une cargaison de rouge, du fin, du choisi. Et c’est tout l’affaire de notre roman. Le Fœderis Arca, capitaine Richebourg, appareille de Cette avec un équipage de trognes avides et gueules en pente pour porter, missionnaire de la grappe, la bonne bouteille aux Joyeux en souffrance. On prend la mer, plein de sa mission, mais le naturel s’invite à bord et les bouteilles se vident à cadence d’éperonnage. Vin bu, tout se finira à l’eau de mer (dans les soutes puis à la rame). Préface, verte de langue (et d’habit) d’Erik Orsenna.