Bestiaire amazonien
Allons-y d’un terme: zoophanie! Fête de la créature, apothéose du vivant livré cash en sa bigarrure, ses glapissements et ses odeurs! L’arche toute, réduite à ses plus superbes singularités et offerte compactée! Tel est l’ouvrage que nous offre François Feer en son Bestiaire amazonien. Ce ragoût biotopique, mitonné avec sapience et saveurs, avoue une foule d’ingrédients jolis: l’alouate hurleur ou singe flamme qui fait de la sylve détrempée un gueuloir, le tatou nous dit tout (et surtout qu’à la façon des conquistadors, il sommeille en armure), les pécaris dorment en groupe, le Coq de roche se la joue, l’agouti est «le jardinier distrait de la forêt», le pian est hors d’âge. Ajoutez à cela une belle pièce de jaguar, une pincée de phanée, de la Carollia, du piaf poids mouche, nappez avec de l’homme. Vous obtenez un bestiaire maison, goûtu et futé, un cabinet de curiosités à nourrir deux fois par jour. Et c’est à volonté!