Porte-Malheur

Auteur(s) : Pierre Bost, Patrick Grée
Editeur : Le Dilettante

Mais si, faites un effort, Bost ! Aurenchébost ! Les scénaristes de Douce, La Traversée de Paris, L'Auberge rouge, les Castor et Pollux de la qualité française, lapidés de bouses sèches par la Nouvelle Vague et restaurés par Tavernier ( voir la postface ) dans L'Horloger de Saint Paul. C'est de ce Bost-là qu'il s'agit ; pas son frère, Jacques Laurent, dit " le petit Bost ". Ce que nous réapprend François Ouellet dans la préface de Porte-Malheur, c'est que avant de s'occuper d'Amélie ou d'avoir le diable au corps, il fut dramaturge et romancier. Élève d'Alain, ami du romancier Emmanuel Robin, il entre en lettres à vingt et un ans sous l'invocation de Proust et publie, dans l'entre-deux-guerres, outre de nombreux chroniques littéraires et reportages, six romans et trois recueils de nouvelles. Il y plaide pour une littérature débarbouillée des juvéniles angoisses du moi et déprise des avant-gardismes chichiteux - maturité, ouverture sur l'autre - et le monde des réalités objectives - langue sèche et probe -. Classique disons le mot. Publié en 1932 chez Gallimard, Porte-Malheur va selon : roman sec, social noir. L'histoire de Dupré, garagiste, qui travaille dur, monte sa boîte, fait confiance pour finir sous le cric de son numéro 2 Denis Levioux, piégé par la fille Lucie. Arrêté, ce dernier voit cependant Dupré passer l'éponge. Empêtré dans sa mansuétude, Dupré participe à l'acquittement de son second qu'il réengage illico. À mi-course du roman, c'est Levioux qui devient le héros, et cela pour une fin d'un noir de poix. James McCain à la française, Bost nous livre avec Porte-Malheur une version Paris popu, casquette en grande roue, du Facteur sonne toujours deux fois : bâtie sans faille, l'histoire file en ligne droite, sombre et cassante, comme une balle dans le canon. "Salauds de pauvres !" dirait certain.

17,00 €
Parution : Février 2009
158 pages
ISBN : 978-2-8426-3172-7
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