Glaces sans tain
Glaces sans tain ou l’art de voir sans être vu, de scruter à loisir sans subir de regard en retour, œil de Dieu, pupille du Diable qui sonde en paix les plis et replis de l’âme rongée. Quel meilleur titre pour ce recueil de nouvelles signées Soluto où un quatuor d’esprits aux abois se dénude et s’explicite face à un miroir qu’il croit opaque, mais derrière lequel Soluto convie le lecteur à prendre place. On assiste ainsi à la mise à nu, lente, méthodique, scrupuleuse de la vie d’un chirurgien émérite et digne père de famille qui se souvient du lycéen normand qu’il fut. On suit le déroulé de l’existence psychiatrique d’une brute lourde hantée par une voix qui lui chuchote les envers secrets du monde. On accompagne le destin morne d’un éternel petit garçon figé dans l’enfance. Et pour clore, on met nos pas dans ceux de Soluto lui-même, portrait de l’écrivain en peintre dragueur de supermarché.
Soluto ou l’art de la confession d’autant plus impudique qu’elle se croit soliloque. Les glaces sans tain ont un parfum amer.