Chandeleur l'artiste
Tiens revoilà Vidalie ! Mince de joie ! Sa dernière visite au Dilettante nous ramène à 2010, pour un lâcher de textes amers et rêveurs où il était question, de toi à moi et tout à trac, de bougnats lunaires, de banlieusards morfondus et de prisonniers de guerre (L’ Aimable Julie, Monsieur Charlot et consorts). Pour l’heure, avec ce Chandeleur l’artiste dédié à Antoine Blondin, l’auteur des Bijoutiers du clair de lune et parolier des Loups de Reggiani nous ramène encore au pays, à savoir en banlieue, la seule, la parisienne, avec son église kitsch, ses jardins boîtes d’allumettes, ses cafés sans fin, ses cours d’eau qui se la coulent douce et ses boutiques à tout faire. Vidalie est un auteur aux yeux pers, l’un gris, terne et plombé, l’autre tout vert, clair et pétillant, d’où cette histoire qui roule toute seule, douloureuse et crépitante saga familiale où vont bras dessus, bras dessous, rêves éveillés et espoirs déçus, frais matins et retours de nuit.
Soit les Falentaine, un clan du cru. Le père Falentaine et madame campent en Arcadie, entendez le jardin Falentaine, lieu élu, Éden modeste qu’il exploite en artiste. Quand il en écrit, Vidalie s’épanche : « Le jardin Falentaine est un bal de cour, une pavane muscadine où des papillons bleus frisent de capricieux entrelacs le jeu mourant des éventails… » C’est hors jardin que les problèmes commencent, avec les pièces rapportées : les filles Falentaine ont épousé le demi-jour et la nuit. L’une Maningue, dont l’âme pue plus que les pieds ; l’autre Chandeleur, un bohème lyrique, porté sur le rouge et l’errance, qui peint des chatons, amuse les comptoirs et dont le frère, Hector, se rêve un sang bleu. Les seconds ont fabriqué l’enfant Fanfan, mioche qui rêve d’estoc et de taille, pont d’Arcole et Pardaillan, sur la toile cirée familiale. On suivra cette petite escouade au fil d’aventures soubresautantes : vocations subites pour l’un, fausse idée du siècle pour l’autre, coups, clameurs et calomnies. Mais tout finira par des retrouvailles en comptoir et des liens ressoudés. Alors bienvenue en Vidalie, pays fougueux où les coudes se lèvent comme le soleil, avec élan et une belle régularité !