Lire la ville, dire le crime : Mise en scène de la criminalité dans les mystères urbains de 1840 à 1860
Des brutes sauvages et sanguinaires rôdant au coeur de la cité, des policiers qui volent, des médecins qui assassinent, des surhommes punissant en dehors des lois : les mystères urbains offrent au lecteur une imposante galerie de criminels dans une société où les honnêtes gens semblent confinés au rôle de victime. Leur principale contribution au mythe de la ville moderne consiste ainsi à cristalliser une criminalité urbaine anxiogène et à affirmer déchiffrer un espace social chaotique et incompréhensible pour le non-initié. Entre 1840 et 1860, E. Sue, A. Dumas, P. Féval, L. -F. Raban, C. Robert et E. -F. Vidocq offrent chacun leurs mystères urbains. De ce riche corpus, peuplé de criminels caractérisés par une perpétuelle tension entre tradition et modernité menaçante, émergent une poétique complexe et une fascinante conception de la lecture. C'est à cartographier les voyages qu'ils proposent à leur lecteur que s'attache cet ouvrage, afin de mettre en évidence une dramatisation du crime kaléidoscopique, ambivalente et, à bien des égards, toujours pertinente.