Les sociologues, l'école et la transmission des savoirs
La sociologie de l'éducation ne s'est pas souvent risquée à interroger les processus de la transmission des savoirs, raison d'être de l'institution scolaire. Peut-être parce que le terrain était déjà fortement occupé par pédagogues et spécialistes des disciplines. Elle a pourtant produit dans ce domaine des oeuvres fortes. Aucun ouvrage jusqu'ici n'avait cherché à proposer une vision d'ensemble de ce champ de recherche, susceptible de favoriser sa connaissance et son développement. L'intérêt de son élargissement apparaît pourtant évident. D'une part parce que la pédagogie et la didactique, et les enseignants eux-mêmes, peuvent faire leur profit de l'apport descriptif et critique de la sociologie. D'autre part, parce que la sociologie de l'éducation ne peut traiter ses objets les plus ordinaires, qu'il s'agisse de la production des inégalités scolaires ou des modalités du contrôle disciplinaire des élèves, sans se confronter à la question de la transmission des connaissances. Ce sont ces oeuvres que l'on a ici souhaité donner à voir, qu'elles traitent de la sélection et de la mise en forme des contenus d'enseignement, des pratiques enseignantes, ou des activités d'apprentissage. Les deux premières parties de l'ouvrage présentent huit textes, rédigés entre 1966 et 2000 par des chercheurs anglais et français. Si la liste des auteurs retenus ne prétend pas à l'exhaustivité, l'importance scientifique et la représentativité de ceux qui figurent dans ce recueil est peu contestable : Basil Bernstein, Michael Young, Nell Keddie, Pierre Bourdieu, Viviane Isambert-Jamati, Lucie Tanguy, Bernard Lahire, Elisabeth Bautier et Jean-Yves Rochex. Pour autant la plupart des textes sélectionnés n'étaient connus que d'un petit nombre de spécialistes, même si certains jouissent d'une forte réputation. Ceux qui sont regroupés dans la première partie s'intéressent aux rapports école/société : aux effets culturels et sociaux des apprentissages scolaires, comme aux influences en retour de la société globale sur la sélection des contenus d'enseignement et les modes d'apprentissage. Ceux de la deuxième partie interrogent les variations des connaissances transmises en fonction des filières, des publics, des choix pédagogiques des enseignants. Rédigée par J. Deauvieau et J. -P. Terrail, la troisième partie propose huit notices biographiques consacrées aux auteurs sélectionnés dans les deux parties précédentes. Ces notices sont conçues comme autant de coups de projecteur sur l'histoire de la sociologie de la transmission des connaissances. Chacune d'entre elles présente la pensée de l'auteur dans son contexte historique ; puis s'attache à la contribution retenue ici ; et souligne enfin ce qui donne aujourd'hui encore à l'oeuvre sa portée.