Le rêve de Torkel
Deux îles de l'archipel de Stockholm. L'une est habitée par des pêcheurs, marins, gens aigris et miséreux : un enfer. L'autre, lieu de villégiature, abrite hôtels, villas, port de plaisance : un paradis.Surtout pour qui n'y a jamais mis les pieds. Un enfant solitaire, fils d'un pilote renvoyé pour faute professionnelle et mis au ban de la communauté, n'a qu'un désir : traverser la baie, atteindre le « paradis ». Un jour, il y parvient. À force d'abnégation et de zèle, il s'y fait accepter : comme garçon de courses puis serveur dans un bel hôtel. Mais son grand rêve reste d'être marin. Pour le réaliser, il est prêt à tous les sacrifices. Progressivement, l'image féerique qu'il s'est forgée commence à se fissurer : puni pour une faute qu'il n'a pas commise, il se voit reprocher des transgressions dont il n'est pas coupable... L'idylle s'évanouit, le paradis commence à ressembler à l'enfer qu'il a laissé derrière lui. La rencontre d'un vieil officier de marine le sauve du désespoir : il comprend grâce à lui que la vie n'est ni belle ni laide, que la seule satisfaction véritable est celle que l'individu éprouve en se comportant avec dignité, probité et courage. En quelques mots La peinture virtuose du milieu, l'élégance de la construction, l'écriture souple et sensuelle de Strindberg font d'Un conte d'enfant une superbe parabole sur les choix existentiels... Thème matriciel de la production des années 1900, ce récit fait penser aussi bien à la célèbre pièce de théâtre Songe (1901) qu'aux pièces du Théâtre intime (1907) et aux interrogations d'Un livre bleu (1907-1912).