Les Jango
Les Jango sont décidément impayables. Ils viennent depuis l'autre côté de la frontière cultiver le sésame, le blé et le sorgho, on les reconnaît à leur élégance tape-à-l'oeil un peu décatie, et à leur sens de la fête, dès que les moissons sont finies : tous leurs gains y passent, à s'enivrer de marissa et de femmes. Les Jango sont l'aristocratie des travailleurs de la terre à al-Hilla, qui est pour eux le centre du monde.
C'est là que deux vieux amis décident de poser leurs valises. La Maison de la Mère, mi-logeuse, mi-maquerelle, les accueille à bras ouverts. Et avec elle, Wad Amouna, homme à tout faire raffiné et véhicule des cancans locaux, Safia, mythe vivant sur laquelle courent les plus folles histoires, la douce et tendre Alam Gishi...
Dans les effluves de café grillé, de chicha parfumée et de gomme arabique, se joue une comédie humaine dont les Jango, « sages à la saison sèche et fous à la saison des pluies, sont les héros ».
Jusqu'au jour où le monde moderne et ses bras armés fait intrusion chez ces princes de la terre..
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La puissance romanesque d'Abdelaziz Baraka Sakin tient sans doute à ce regard à la fois tendre et sans concession : dans Les Jango, on parle librement de religion, de sexe, de littérature et de contrebande. Les Jango est un magnifique hommage à toutes les libertés.