Le Sang du pauvre
Sans aucun doute le livre le plus personnel de Léon Bloy, Le Sang du Pauvre est aussi celui dont la maturation fut la plus longue et la plus sourde.
Ce sang du pauvre dont il est ici question n’est autre que l’argent, transfiguration audacieuse du sang versé par le Rédempteur : « Il est exécrable et adora-ble, symbole flagrant et ruisselant du Christ Sauveur.
La force de Bloy est de nous happer dans son imaginaire intuitif, pour offrir une vision à charge du monde industriel. Mais un siècle après — Sueur de Sang a paru en 1908 — ce discours violent contre le matérialisme reste d’une lucide actualité : l’argent est la nouvelle foi des hommes, encline aux mêmes excès, au même fanatisme et au même dévoiement.
Bloy se livre à une diatribe contre cette civilisation inhumaine régie par les seules lois de l’économie. En somme, Bloy est, dans sa dénonciation de la société matérialiste, un précurseur de l’altermondia-lisme qui aurait les emportements oratoires des prophètes de l’Ancien Testament.