Le paradis est une lecture continue
Publiés respectivement en 1917 et 1919, ces deux articles, qui sont à l'origine des commandes, célèbrent deux auteurs américains dont on commémore les centenaires respectifs. S'ils font aujourd'hui figures de classiques, il n'en était pas de même un siècle plus tôt. Et c'est là que la sagacité de Virginia Woolf montre toute son ampleur et sa justesse. Critique subtile, pénétrante, percutante, elle sait saisir le sens d'une oeuvre, ses fondations comme ses ramifications. Sa lecture de l'auteur de Walden et de celui de Moby Dick, à une époque où l'appareil critique au sujet de ces deux chefs-d'oeuvre américains était pratiquement inexistant, n'en prend que d'autant plus de valeur. Avec une plume à la fois malicieuse et affûtée, elle montre une fois encore cette culture solide qui faisait l'émerveillement de ses contemporains. Sa grande finesse psychologique, son érudition et sa recherche formelle, qui font d'elle l'une des plus grands écrivains de langue anglaise, sont ici au service de deux auteurs, deux oeuvres, dont les préoccupations peuvent, au prime abord, paraître éloignées des siennes, mais qui la rejoignent dans la revendication d'une liberté, d'une libération conquise de haute main.