Jeux chinois
Il a fallu des années de préparation. Le moment tant attendu est enfin arrivé. Tout va se passer au grand jour, devant des milliards de téléspectateurs. Le président chinois descend de la tribune. Il vient de prononcer un grand discours aux accents nationalistes, une foule en liesse l'acclame. Il se dirige vers le pont provisoire aménagé pour la circonstance et commence à franchir le fleuve. Sur l'autre rive, un millier d'officiels et de journalistes l'attendent. Au milieu du pont, il s'immobilise. A cet instant, les vannes du grand barrage du Sichuan s'ouvrent, libérant des millions de mètres cubes d'eau. Le fleuve bleu se gonfle d'un flot bouillonnant et assourdissant. Le président chinois regarde la vague arriver tandis que des nuages de vapeur d'eau montent vers lui. A la Maison Blanche, les yeux rivés sur l'écran de la télévision, le président des Etats-Unis ne perd rien de la scène. Il est fasciné. Au même moment, quelque part en Afrique, Johanna Bay regarde les mêmes images. Elle est encore loin de se douter que cet événement la plonge au cœur de la plus grande machination internationale de ce début du XXIe siècle.