Nouvelles
Alphonse Allais trompe son monde. Il a l'humour des désespérés, écrit sans y croire, en journaliste, se laisse piquer ses idées, vit une vie sans lendemain. En marge de l'institution littéraire de son vivant, la postérité le rattrape. On le prend pour un rigolo, conteur sans prétention, chroniqueur divertissant. Il est plus que cela.Breton l'introduit dans le panthéon des modernes à côté de Lautréamont, de Rimbaud : "il excelle à mettre en difficulté l'individu satisfait, ébloui de truismes et sûr de lui qu'il côtoie chaque jour dans la rue."Ses contes, en apparence, sont bien trop légers pour être de l'art. Et pourtant, c'est leur insignifiance ou nullité qui les élève au rang d'objets résolument modernes. Allais insiste sur des détails insignifiants (la manière de dormir avec sa barbe par exemple). Résultat : le quotidien devient absurde. Mis hors contexte, vu à la loupe, le normal n'est pas si normal. Le réel est déplacé.Alexandre Wong & Claude ColombiniSommaire :La barbe ; Le bouchon ; Les templiers ; Truc canaille ; Un excellent truc ; Un cérémonial fixe ; Le temps bien employé ; Allumons la bacchante ; Le monsieur et le quincailler ; L'aventure de l'homme orchestre ; Utilité du bottin des départements ; Le petit loup et le gros canard : idylle ; Une des beautés de l'administration française.