Correspondance avec le Scriblerus Club
Jonathan Swift (1667-1745) est, en raison du pessimisme de son œuvre, considéré comme le type même du misanthrope. Il a pourtant rêvé de constituer autour de lui un cercle de " génies ". Ce sera le " Scriblerus club ", qui comptera parmi ses membres le célèbre poète Alexander Pope, John Gay, l'auteur de l'opéra du gueux, ou encore lord Bolingbroke et John Arbuthnot, autant dire certaines des personnalités les plus éminentes de l'Angleterre du XVIIIe siècle. Sous le pseudonyme de Martin Scriblerus, ils publieront des pamphlets féroces comme L'Art de ramper en poésie. Ce sont toutes ces lettres échangées par ces esprits libres qui constituent le présent volume. Cette correspondance presque entièrement inédite en français, qui court de 1713 à 1745, constitue à bien des égards un ouvrage exceptionnel. C'est, tout d'abord, un document qui nous plonge dans l'intimité de Swift et éclaire son œuvre aussi bien que son caractère. C'est, ensuite, un panorama complet et vivant de l'Angleterre de l'époque, déchirée par la querelle des whigs et des tories. C'est surtout, peut-être, le roman d'une amitié extraordinaire entre des esprits hors du commun, où se donne cours la plus grande liberté d'esprit. Le ton en est familier, toujours drôle et incisif, chacun faisant assaut d'esprit et d'audace intellectuelle. L'actualité littéraire et politique y côtoie les soucis les plus quotidiens. Les anecdotes et les traits mordants y abondent, à côté d'aperçus philosophiques et moraux. Et c'est enfin une œuvre littéraire à part entière, dont les auteurs envisageaient la publication, et qui mérite de prendre place aux côtés des chefs-d'œuvre publiés par Swift.