Traité de bon usage de vin
Le plaisir que suscite la lecture du Traité de bon usage du vin de Rabelais est tout d'abord attisé par la curiosité que l'on accorde à la nature même du texte. Ce Traité n'est en effet pas la version originale de l'auteur, mais une version traduite du tchèque vers le français. La traductrice, fort judicieusement, a opté pour une traduction qui ne cherche pas à restituer le texte original dans la langue de Rabelais. Elle a plutôt choisi d'adopter une langue située à mi-chemin entre le français de l'époque et le français contemporain, souhaitant ainsi rendre la saveur du verbe rabelaisien tout en le laissant accessible au public. Traité de bon usage du vin se présente donc comme un petit traité de savoir vivre, dans lequel Rabelais s'amuse à déplacer sur l'échelle des valeurs la place qui est accordée au vin. Pour ce faire, il use de tout son savoir-faire et d'un usage savant du langage et des traditions orales populaires. Il parvient ainsi à déclamer une véritable éthique de la vie qui prône l'adoption d'une consommation de vin, érigée en vertu. Et Rabelais va jusqu'à faire de l'usage du vin un attribut anthropologique majeur : " L'usage du vin, outre le verbe prolixe et la prière fervente, est de toutes les actions humaines ce qui le distingue des autres créatures terrestres. "