Henri Michaux, le corps de la pensée
« La poésie ne pourra pas se passer de la philosophie. La philosophie ne pourra se passer de la poésie ». Ainsi s'exprimait Isidore Ducasse, connu comme « copain de génie » par Michaux sous le nom de Lautréamont. Dont acte.
Michaux est cet artiste protéiforme qui n'a jamais dissocié sa pratique de l'écriture, de la peinture ou du dessin, d'une réflexion théorique sur ces mêmes pratiques. Ecrivain penseur, il l'est certainement, bouleversant la notion même de « littérature » et de ses genres préétablis.
Qu'il s'agisse des femmes, des récits d'expérience de la drogue, des chaises ou de l'intériorité, Michaux met la pensée en suspens et se met en posture de la malmener.
La question était donc posée des rapports que pensée poétique et pensée théorique peuvent entretenir. Étudier la pensée (scientifique, philosophique, politique...) à l’œuvre dans l'écriture de Michaux, permet de souligner le dialogue qui s'instaure entre les diverses régions du savoir (ethnologie, sociologie, psychanalyse...) et cette pensée écriture qui pratique « le vieux jumelage de la pensée et de la parole » tout en en dénonçant les limites. (E. Grossman, A.-E. Halpern, P Vilar.)